h LSDreams - 03: Le mauvais trip de Schackie

   
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  03: Le mauvais trip de
Schackie
 

 
Le mauvais trip de Schackie


 
   Ma petite amie s’appelait R.B. mais je la nommais Schackie. C’est ainsi qu’elle m’avait elle-même surnommé quelques temps après que nous avions emménagé dans mon appartement de Wedding, elle et moi, pour y vivre en couple. Un jour que je lui tournais le dos, elle me dit :
  Mon trésor, tu n’as absolument pas de fesses !
  Oui, je sais, lui répondis-je évasivement.
  J’ai beau regardes, continua-t-elle, je ne vois rien dans ton pantalon.
Je ne vois pas grand-chose dans le tien non-plus, avais-je rétorqué, bien que ce ne fût pas vrai par ce qu’elle avait un adorable petit arrière-train bien arrondi.
  Ce que tu peux être « spackig », avait-elle repris en riant.
  Spackig ? Qu’est-ce que cela signifie ?
  C’est du jargon berlinois, et cela veut dire maigre.
  Toi aussi tu es spackig, plaisantai-je.
Oui, toi et moi, nous sommes tous deux spackig, s’exclama-t-elle en riant.Oui, ma petite schpack adorée, (spackig se prononçant schpackig en Allemand).
  Schpack ? s’étonna-t-elle.
  Oui, ma petite Schack, euh…schpack.
  Schack ? ria-t-elle.
  Oui.
— Schack, Schackie…ce ne serait pas mal comme surnoms.
  Tu trouves ?
  Oh oui, tu serais Schack et moi Schackie !
   C’est ainsi que nous nous nommâmes mutuellement pendant les cinq années que dura notre liaison. Cependant, peu de temps après, la rumeur annonça une nouvelle drogue appelée LSD qui avait beaucoup d’adeptes aux USA et ensuite en Europe. Comme j’ignorais l’effet qu’elle pouvait bien produire, je ne lui accordai aucun attention durant les quelques mois suivants. Nous étions toujours heureux et joyeux, Schackie et moi, et nous ne tenions jamais à la même place. Nous sortions tous les soirs pour aller vers n’importe quel loisir, restaurants, discothèques, cinéma, spectacles, randonnées bucoliques, natation, patins sur glace, bowling etc. seuls ou en compagnie d’amis ou d’autres connaissances.
   Schackie surtout avait beaucoup d’amis, des jeunes couples pour la plupart, qui aimaient faire la fête chez eux ou chez d’autres amis. C’était au début de notre liaison, elle travaillait comme secrétaire et moi je poursuivais mes études à l’Ecole des Beaux-arts en les émaillant de petits jobs provisoires afin d’améliorer mon train de vie qui n’était assuré que par une petite bourse d’étudiant que m’octroyait le gouvernement fédéral. Nous aimions voyager deux à trois fois par an et aller partout où notre bourse commune nous le permettait, en France, en Irlande, en Espagne ou au Maroc etc. Sinon nous nous contentions d’aller passer quelques jours en province et à Berlin, il y avait beaucoup de grands parcs publiques, de jardins, de forêts, de lacs, de rivières et d’îles que nous manquions rarement de visiter en fin de semaine, seuls ou avec des amis.  
   Schackie n’aimait pas les drogues et ne fumer que rarement du Haschich avec moi. Il en fut ainsi que je n’en consommais que depuis quelques temps seulement avant le début de notre vie en commun et il s’avéra qu’il en était de même pour elle. Nous en parlâmes un jour que nous étions confortablement installés dans notre appartement. Je lui avais dit que j’appréciais cette drogue parce qu’elle offrait des perceptions qui m’étaient inconnues jusqu’alors.
— Ah bon ? Moi pas, avait-elle lancé d’un air sombre.
— Pourquoi ? En as-tu déjà essayé ?
— Oui…mais, sur moi elle a produit un effet horrible, répondit-elle en secouant légèrement la tête.
— Comment cela ?
— Et bien, je vais te le raconter et tu en jugeras. Tu connais H.H., n’est-ce pas ? Tu sais comment il est.
 — Oui, avais-je répondu en riant.
H.H. était l’un de ses amis d’enfance, un décorateur dans un centre commercial, qui savait parfois être amusant mais il était parfois ridicule par son côté poltron et enquiquinant comme une teigne. Schackie devait assez souvent me retenir de le frapper à chaque fois qu’il répétait l’une de ses blagues débiles avec l’intention non-dissimulée de me mettre en colère. C’était pathologique chez lui et ce n’est qu’avec réticence que je le fréquentais aussi rarement que possible, mais seulement à cause d’elle. En souriant, Schackie poursuivit son récit :
— Un jour, il m’a téléphoné au travail pour me dire qu’il avait acheté une dose de LSD et que, parce que c’était la première fois qu’il allait y goûter, il préférait agir prudemment et le partager avec quelqu’un. Enfin, il m’a demandé si je n’aimerais pas le partager avec lui.
— Tu le connais, n’est-ce pas ? poursuivit-elle en souriant et en faisant un signe significatif avec sa main, puis elle ajouta :
— Il n’est pas particulièrement courageux. Quant à moi, je croyais qu’il s’agissait d’une drogue inoffensive et qui enivrait peut-être un peu comme l’alcool et j’ai pensé que cela devait être amusant d’en essayer ne serait-ce que pour savoir de quoi il s’agit quand on en parle. Donc je me rendis chez lui en sortant du travail et j’y fis la connaissance d’un jeune homme que je ne connaissais pas et qui avait l’air d’être passablement ivre.
H.H. me montra un petit carré de feutre de la dimension d’un timbre-poste, puis il le tint à contre-jour pour me montrer, en transparence, une tache humide en son centre qui était due à une goutte de LSD et que cette quantité était l’équivalent d’une dose normale.
   Il avait l’air d’être inquiet lorsqu’il se mit en devoir de couper le carré en deux parties qui devaient être égales, mais, étant comme il est, il s’efforça de le couper en-dehors de la goutte de la substance et en deux parties inégales. Je ne pus m’empêcher de sourire à ce spectacle et, lorsqu’il me tendit la plus grande des deux portions, son visage était blême et je ne pus m’empêcher de pouffer de rire en la saisissant et en l’absorbant avec un peu d’eau.
   Ensuite il m’expliqua que l’effet ne se produirait qu’au bout d’un moment plus ou moins court et il proposa d’aller boire une bière dans un petit bistrot voisin en attendant qu’il agisse. Nous nous rendîmes donc dans ce bistrot qui ne se trouvait qu’à quelques dizaines de mètres de chez lui. Le bistrot étaient plein de monde et nous nous assîmes alors à une table libre qui se trouvait près de l’entrée. Nous commandâmes des bières et nous entamâmes une conversation en attendant que la drogue produise son effet.
   Le temps passa et nous commandâmes des nouvelles bières, puis encore d’autres quand ces dernières furent toutes bues, pendant environ une heure et demie en nous racontant des blagues et en riant aux éclats. Le moment vint où H.H. jugea bon de nous en aller et rentrer chez lui parce que la drogue devait bientôt agir. J’acquiesçai gaiment et je voulus me lever pour quitter la table, mais il me fut impossible de remuer mes jambes. Alarmée, je criai :  
— Mes jambes !
— Qu’y a-t-il avec tes jambes ? , demanda H.H.
— Je ne peux pas les bouger !, lui criai-je. Cet idiot se mit à rire aux éclats et me dit :
— Allons, allons, tu es ivre. Fais un effort pour te lever.
J’appuyai mes mains à plat sur la table et je fis un effort surhumain pour me soulever, en vain . Soudain, je crus être devenue paralytique et je criai :
— Je suis paralysée !

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En même temps, j’éclatai en sanglots et déversai un flot de larmes qui jaillissaient hors de mes yeux. H.H. était devenu blême de frayeur et il me conjura de garder mon calme :
— S’il te plaît, R.B., ne crie pas comme cela, tu vas ameuter tout le monde !
Mais j’étais trop horrifiée à l’idée d’avoir perdu l’usage de mes jambes et je me mis à hurler :
— Je suis paralysée, faites quelque chose, aidez-moi !  
H.H. jeta un regard inquiet vers les consommateurs qui s’étaient tous tournés vers nous pour voir se qu’il se passait et il m’exhorta :
 — S’il te plaît, R.B., ne crie pas comme cela, les gens vont croire que nous te maltraitons !
En effet, la salle était devenue silencieuse et tout le monde nous regardait.
Alors H.H. demanda à son compagnon qui était complètement ivre, de l’aider à me soulever en me tenant sous les aisselles. Puis H.H. se tourna ers les consommateurs et dit à la ronde :
— Ce n’est pas grave, elle est un peu ivre et nous allons la conduire chez elle.
Mais leur tentative de me soulever échoua et, impatients, ils saisirent chacun par un bras, et les passèrent au-dessus de leurs épaules, puis ils me soulevèrent afin de me faire tenir debout, mais comme je n’y arrivais pas, ils me traînèrent en titubant, hors de l’établissement.
— Le croirais-tu ? J’avais honte, les clients du bistrot voyaient comment ces deux imbéciles me traînaient en se dépêchant de sortir avec les pointes de mes chaussures qui raclaient le sol derrière moi.
— Je sais que cela fait rire et tu as raison d’en rire toi-même, mon chéri, mis c’est justement à cause de cela que j’avais honte. Ils durent me traîner sur toute la longueur du trottoir, mes chaussures frottant le sol et, arrivés à mi-chemin de l’appartement, je pus enfin bouger mes jambes peu à peu et, au bout de quelques mètres, je pus enfin réussir à marcher plus ou moins bien avant d’atteindre l’immeuble sans être soutenue. Ils m’installèrent dans un fauteuil parce que je me sentais faible, mais j’étais rassurée et je recouvrai peu à peu ma bonne humeur. Ces deux idiots se mirent alors à me regarder d’une drôle de manière et ils s’approchèrent de moi en souriant bêtement, surtout celui qui était le plus ivre des deux. Ils arboraient une mine salace qui m’horrifia au plus au point et je me mis à hurler en les repoussant des deux mains : 
— Ne m’approchez pas ! Ne me touchez pas !
H.H., soudain affolé, me conjura :  
 — Je t’en prie, R.B., ne crie pas si fort.
Mais son ami qui était ivre-mort, m’approchait davantage avec un regard concupiscent et en bafouillant des mots que je ne comprenais pas. Je hurlai, de plus belle :
 — Ne me touchez pas !
H.H., saisi de crainte, tira son ami en arrière et me supplia :
 — Je t’en prie, R.B., ne crains rien, personne ne te touchera, mais, s’il te plaît, cesse de hurler comme cela, tu vas alarmer le voisinage et les gens vont croire que nous te faisons du mal.

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   Je me tus donc et j’entrepris de quitter l’appartement aussitôt, mais, lorsque je parvins jusqu’à la porte de le chambre, je vis avec terreur un mur devenir moins consistant, comme s’il était mou et humide, au point que je craignis de voir mon bras s’y enfoncer si je venais à le toucher et puis, que mon épaule suivrait mon bras et le reste du corps aussi et que je disparaîtrais complètement dans ce mur. Saisie d’épouvante, je me mis à hurler encore plus fort qu’auparavant.
H.H. accourra en me suppliant de ne pas hurler, puis il appela son ami et me saisissant chacun par un bras, ils m’entraînèrent au dehors, H.H. me disant :
 — Viens, nous allons te conduire chez ta mère. Ils m’emmenèrent en voiture très rapidement jusqu’à chez ma mère et ils lui expliquèrent la situation, pu sils s’éclipsèrent aussi rapidement qu’ils étaient venus. Ma mère me traita avec beaucoup de soin. Après m’avoir mise au lit, elle s’était assise à mon chevet et elle me caressa les cheveux en me disant des paroles apaisantes. Cela me fit tant de bien que je finis par m’endormir. Depuis ce jour-là, je n’ai plus jamais touché au LSD et je n’y toucherai plus jamais.
   Elle observa un court moment de silence, puis elle me demanda :
— Et toi, quel effet cela a-t-il produit sur toi ?
— Je trouve que c’est intéressant, lui répondis-je.
— Il ne m’est jamais rien arrivé d’analogue à ce que tu viens de me narrer. En fait, je n’ai eu que des visions merveilleuses et aussi, j’ai vu les choses sous un nouvel aspect.


 


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lévitation verticale.





 
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