h LSDreams - 29: La lumière qui descend

   
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  29: La lumière qui descend
 


N.B : les séances que j’ai faites à Oran ayant été trop nombreuses et à moitié oubliées, il ne m’a pas été possible de les classer par ordre chronologique exact, si longtemps après, aussi me suis-je efforcé de commencer par celles qui me semblent se situer parmi les premières et de continuer du mieux que j’ai pu pour le reste.


   Durant une nuit de solitude, j’étais assis sur mon divan, à regarder avec indifférence à travers la vitre de la porte fenêtre de ma chambre. La vue ne donnait que sur une cour centrale et que sur un petit carré de ciel au-dessus d’elle. J’avais absorbé une dose de LSD un instant auparavant et j’avais déjà eu le loisir d’être émerveillé par les visions colorées que prodigue la drogue habituellement.
   Distrait, je ne songeais à rien de précis lorsque, soudain et sans lever les yeux, je vis une sphère lumineuse descendre de haut en s’approchant du sommet de ma tête. Puis elle y pénétra en se glissant au centre de mon crâne où elle s’immobilisa pendant un petit moment. Je la percevais de la même manière que je l'avais vue descendre, non pas avec mes yeux mais grâce à une vue intérieure. Cependant, mes yeux aussi pouvaient voir cette sphère lumineuse stationner à l’intérieur de ma tête. Ensuite la lumière commença à avancer lentement vers mon front et elle devenait plus intense au fur et à mesure qu’elle progresser vers l’avant. Elle parvint ainsi à proximité de mon os frontal qu’elle descendit jusqu’à sa base en intensifiant davantage sa luminosité. De cet endroit, sa clarté parvint intérieurement jusqu’à mes yeux, comme une lumière qui descend et dont les premiers rais éclairent loin devant eux. Enfin elle s’insinua entre mes yeux et le monde extérieur. Sa clarté était à présent scintillante et je ne vis plus qu’elle.
   Très calmement, je la contemplai, car sa forte clarté ne m’éblouissait pas. Au premier abord, elle me parut être d’un blanc immaculé et elle était plus claire et plus belle que celle du soleil. D’une manière très subtile, sa couleur se mua lentement en un pâle jaune naissant qui s’intensifia au point d’occulter sa blancheur. Pendant un bref instant, je crus ma vue être leurrée comme elle l’était parfois par de fausses apparences, mais son changement progressa vers un jaune orangé qui accentua sa teinte jusqu’à devenir orange. Tout en gardant sa luminosité éclatante, cette couleur vira subtilement à l’orange-rouge et persévéra dans ce sens jusqu’à devenir un rouge si pâle, qu’il eut été rose s’il n’avait pas été rouge.
   Il n’y avait aucune imperfection dans le déroulement de ces changements habiles, ni coupure ni cassure ni quoi que ce soit d’imparfait. Les couleurs se succédaient discrètement, sans perdre de leur luminosité ni de leur rythme et c’est ainsi que le rouge vira peu à peu au rouge-violet. Cette couleur poursuivit ce changement harmonieux pour devenir violette et elle continua sa transformation en bleuissant davantage. Ensuite son bleu se teinta de vert et le devint complètement avant de pâlir vert le jaune. Le jaune devint doré avant de devenir or et l’or pâlit à son tour pour devenir argent. Ce dernier devint plus blanc pour faire place à la blancheur initiale de la lumière et celle-ci recommença à déployer le même charme coloré à l’infini.
   Je restai là pendant un très long moment à admirer le spectacle mirobolant de cette magique lumière en constatant qu’elle formait un écran impénétrable entre le Monde et moi et que j’eusse aimé la contempler éternellement. Je savais aussi que, si je voyais cette lumière, j’étais aveugle pour le monde extérieur et que, si ce monde pouvait me voir dans cet état, il me croirait être frappé de cécité et incapable de me guider seul dans cette vie. Mais, pour moi, c’était le monde qui était aveugle à cette lumière qui brillait encore devant mes yeux.  
   Tandis que je l’appréciais encore avec béatitude, cette sublime lueur commença à faiblir lentement, puis elle disparut aussi mystérieusement qu’elle avait apparu, en libérant ma vue pour le monde extérieur. Je ne vis plus alors que la faible clarté qui régnait dans ma chambre et l’obscurité de ses ombres indécises.
   La mélancolie s’insinua en moi plus tôt que de coutume, au souvenir de cette lumière palpitante qui m’avait quitté. Mais avant que la tristesse ne submerge mon cœur, ma raison murmura pour me consoler, que si le soleil levant me paraissait si pâle et le ciel bleu, si sombre, je ne devais pas noircir ma vie qui avait été jusque-là brillante. L’ineffable lumière réapparaîtrait sans doute et dans toute sa splendeur, dans un monde qui serait éternellement meilleur.
 




 
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