h LSDreams - 09: Alcool contre LSD

   
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  09: Alcool contre LSD
 

 

 


 

 
Alcool contre LSD 

    Au cours de l’une de ces rares soirées que nous passions ensemble à la maison, Schackie et moi et aussi, parce que nous nous y étions trop attardés pour aller à une soirée quelconque, j’avais profité de cette occasion pour prendre une dose de LSD et mon amie n’y vit aucun inconvénient. Cependant, elle risquait de s’ennuyer toute seule et, pour y parer, elle me proposa d’aller faire une visite à H.H. l’une de nos connaissances qui était son incontournable ami d’enfance et qui habitait dans nos environs.

 
   Il faisait toujours le pitre et, comme parfois il m’agaçait, je ne tenais pas particulièrement à le voir. Schackie m’expliqua qu’ils fréquentaient la même école elle, lui et J.S., un autre de ses amis d’enfance et qu’ils jouaient parfois aux billes ensemble :
 
 — Je jouais bien, tu sais, m’avait-elle dit, un jour que nous nous rendions à pied chez sa mère.
 
Elle s’était accroupie sur le trottoir, y avait choisi un gravillon un peu arrondi et l’avait posé sur le sol, devant elle. Puis elle m’en indiqua un autre qui se trouvait un peu plus loin devant elle :
 
— Tu vois ce petit caillou, là-bas ?
 
— Celui-là ?
 
— Oui, eh bien, regarde.
 
Elle baissa sa main droite et plaça son index derrière le gravillon, l’en approcha et le poussa de son doigt d’un mouvement brusque vers le caillou indiqué. Je ne pus m’empêcher de rire.
 
— Pourquoi ris-tu ?, s’était-elle enquise d’une voix enjouée. N’ai-je pas bien joué ?
 
— Si, mais ce n’est pas ainsi que ça se joue.
 
— Et comment joue-t-on donc autrement ? Connais-tu une autre méthode ?
 
— Oui, lui avais-je répondu, c’est comme ceci qu’il faut tenir la bille.
 
J’avais saisi un autre petit caillou arrondi et, en m’accroupissant à mon tour, je poursuivis :
 
— Il ne faut pas pousser la bille, il faut la tenir serrée au creux de l’index contre le pouce qui doit être coincé sous l’index, puis viser la bille qu’on veut atteindre et enfin, catapulter sa bille avec le pouce vers la bille visée, et pan !
 
— Bravo Schacky ! Attends, laisse-moi essayer.  
 
Elle avait saisi un autre caillou arrondi, s’était accroupie en maintenant cette nouvelle « bille » comme je le lui avais indiqué et enfin, elle l’envoya valdinguer quelque part dans la nature.
 
— Zut, je l’ai ratée ! Schacky, montre-moi comment tu fais, s’il te plaît.
 
Je le lui réexpliquai et l’aidai à maintenir la bille correctement et enfin elle réussit à l’expédier au bon endroit.
 
   Donc, ce soir-là, je ressentis débuter l’effet du LSD alors que nous roulions déjà en voiture pour aller chez H.H. Le paysage citadin parut se dilater et se déformer devant mes yeux tandis que la lumière des réverbères et les ombres floues devenaient plus intenses. Nous avions longé un boulevard et traversé un pont comme dans un rêve. Mais, bientôt nous arrivâmes, par des rues plus ou moins sombres, chez notre ami. Là, une ribambelle de filles et de garçons qui piaillaient gaiment nous accueillit avec enthousiasme. Nous pénétrâmes dans le salon plein des exclamations de joie de toute cette bande et nous conversâmes affablement, H.H., quelques invités et nous. J’étais agréablement charmé en voyant tout le monde s’amuser dans un décor que le LSD rendait féérique en l’embellissant davantage et en amplifiant la lumière ambiante. Malheureusement, je fus pris d’une grande soif et je me tournai vers H.H. en le priant de m’offrir quelque chose à boire.
 
— Il y a une bouteille dans le frigidaire, me répondit-il gaiment.
 
La cuisine était située juste en face du salon et, comme les portes étaient ouvertes et que la cuisine était bien éclairée, il m’indiqua le frigidaire, il ajouta :
 
— C’est la première bouteille de celles qui sont placées en bas.
 
 — Merci, j’y vais.
 
Je me rendis donc à la cuisine en entendant derrière moi un chœur de questions joyeuses qui étaient adressées à H.H. J’ouvris la porte du frigidaire et repérai la bouteille qui me sembla contenir de l’eau. Je la saisis, en arrachai le bouton, la portai à ma bouche et  ingurgitai plus d’un tiers de son contenu d’un seul trait pour apaiser ma soif. Une cavalcade qui était ponctuée d’exclamations  se fit entendre derrière moi et vint me rejoindre près du frigidaire. J’entendis quelques voix alarmées et puis celle de H.H. qui me regardait avec des grands yeux et qui enfin, lâcha :
 
— Eh, A.S., tu ne vas tout de même pas la boire tout seul ?! Laisses-en un peu pour les amis.
 
— Oui, oui, reprirent les voix en écho autour de moi, laisses-en un peu pour les amis !
 
Etonné, je cessai aussitôt de boire, mais en maintenant le goulot de la bouteille près de mes lèvres, afin  reboire tout de suite après leur avoir dit que je ne comprenais pas pourquoi ils faisaient tant de vacarme pour un peu d’eau.
 
— De l’eau ?!, s’exclama-t-il, perplexe. Tu bois de l’eau... Mais, c’est du vin blanc que tu bois !
 
— Du vin ? Mais je croyais que c’était de l’eau, répondis- avec étonnement.
 
— De l’eau !, reprochèrent les voix en chœur. 
 
   H.H., tendit sa main vers la bouteille quand je fis mine d’en boire encore et  il me la prit des mains en s’excusant, à la grande joie de l’assistance qui s’empressa de l’entourer lorsqu’il porta la bouteille à sa bouche.  
 
La bouteille changea rapidement de mains et fut vidée en un clin d’œil. Puis nous retournâmes tous au salon et nous nous attablâmes devant des alcools et des liqueurs qui avaient étés déjà servis à notre arrivée. Alors que nous fêtions gentiment au son de la musique, je me rendis compte que l’effet du LSD avait été atténué, puis neutralisé par le vin et l’alcool. Pis encore, je ne jouissais plus d’ivresse lysergique ni éthylique à la fois. Un peu déçu de voir mon trip s’évaporer, je me repliai calmement en moi-même. Je percevais maintenant mon entourage paisiblement mais avec plus de réserve dans un décor qui était plus lumineux que d’habitude, mais sans plus d’autre effet. Ce soir-là, je découvris que l’alcool et le LSD ne faisaient pas bon ménage ensemble et qu’ils s’annihilaient l’un l’autre. Cela pouvait devenir un bon moyen pour faire disparaître l’effet du LSD dans le cas où celui-ci aurait été mauvais et qu’on n’aurait pas de sédatif en sa possession.
 
   J’en obtins la confirmation de la part d’un tiers, quelques années plus tard. J’avais offert à un ami qui n’en avait jamais goûté, en plein été, une pilule de LSD en lui recommandant de ne pas boire d’alcool en même temps, car je le savais être porté sur la boisson. Je lui avais fourni tous les renseignements qu’il voulait savoir au sujet de la drogue hallucinogène et lui avas prodigué des conseils au sujet des effets de la substance et à la manière de s’en servir. 
 
   Je le rencontrai quelques jours plus tard dans la rue et je lui demandai si son expérimentation s’était bien déroulée. Il eut un petit air penaud quand il me confia qu’il n’ait pas connu les effets dont je lui avais parlé. Etonné et pris d’un doute soudain, je lui demandai s’il avait suivi mes recommandations. Il m’avoua piteusement :  
 
— Je regrette, mais je n’ai pas suivi ton conseil.
 
— Lequel ?
 
— Tu m’avais recommandé de ne pas boire d’alcool en prenant la drogue, mais je me suis enivré avant de la prendre.
 
— Comment cela s’est-il passé alors ?
 
Il me confia qu’un soir qu’il avait copieusement bu de l’alcool, il avait décidé d’essayer la pilule que je lui avais donnée. Pour pouvoir le faire sans être dérangé chez lui, il s’était rendu dans une rue calme qu’il savait être déserte à cette heure de la nuit. Un lampadaire éclairait fortement cet endroit qui n’était pas sans attrait et il s’assit à sa proximité, en face d’une fontaine publique. C’était pendant une nuit d’été, calme et chaude.
 
— Il faisait tellement chaud que je me suis mis torse nu, poursuivit-il. Je m’étais assis dos contre un mur, dans un endroit propre où  j’étouffais de chaleur et je mourais de soif. Je me suis procuré un seau et je me suis rendu à la fontaine. J’ai empli le seau d’eau, j’en ai bu et j’ai versé le reste sur ma tête en me mouillant jusqu’aux pieds.
 
Ne pouvant m’empêcher de rire, je le priai de poursuivre.
 
   Il feignit l’ahurissement en me regardant et reprit son récit :  
 
 — Ensuite ?, Eh bien, j’ai rempli un seau après l’autre et j’en ai bu, puis je me suis versé le reste sur la tête, puis j’ai recommencé et recommencé à faire cela sans arrêt pendant toute la nuit.
 
   Je le quittai en souriant à l’idée que j’avais déjà connu pareille soif inextinguible, un beau soir que je me trouvais chez O.S. à Berlin et  un peu avant d’entendre un arbre parler.
 
 
 
 
 
 
Photo: onlyone.centerblog.net

 

 

 



 
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