h LSDreams - 05: Ciel de Paradiset superbe demeure

   
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  05: Ciel de Paradis
et superbe demeure
 


Ciel de paradis

et

superbe demeure


   Noctambules invétérés, Schackie et moi, nous renonçâmes pour un soir,  virées en ville et nous rendîmes chez O.S. qui nous avait invités à faire un trip ce vendredi soir-là. O.S. étai marié à un charmant petit bout de femme complice qui arborait toujours un petit sourire de connaisseur défoncé et elle venait tout juste de mettre un enfant au monde. Une fille qu’on aurait dû nommer « merveille de discrétion » tant elle était calme, au point de se faire oublier , même quand la musique jouait et que nous dansions tous comme des fous sous les éclairs hectiques d’une lampe stroboscopique.

   OS. et son épouse nous accueillirent dans leur appartement d’une pièce au rez-de-chaussée d’une arrière-cour d’immeubles et leur unique salle de séjour avait été partagée en deux parties. La moitié antérieure leur servait de salon de réception et elle était meublée de trois matelas qui étaient disposés en angle droit dans le coin de gauche. Seul le premier matelas était posé sur un sommier de bois, à la manière orientale, tandis que les deux autres étaient posés sur un tapis, à même le sol. Ce tapis était grand et il ornait tout le centre de la chambre. Là reposaient une  petite table basse qu’il avait fabriquée lui-même et qui était entourée de trois poufs, sorte de siège mou marocain. Le mur du côté droit était meublé d’une étrange tablette que surplombaient des petites étagères basses et ornée d’objets hétéroclites ainsi que sa sono avec son tourne-disque à pointe de diamant et une importante collection de disques musicaux en vinyle dont les partitions comptaient parmi les plus en vogue du moment. Au milieu de la pièce se trouvait une séparation qui était flanquée de deux énormes baffles, flanquées elles-mêmes par deux colonnes en matière plastique et le tout représentait l’accès à l’autre moitié de la salle qui avait était agencée sur une estrade de bois recouverte d’un belle moquette. A la gauche et à la droite de cette seconde moitié, il avait laissé la place, à gauche,  à une sorte de petit couloir qui lui servait de dépotoir pour quelques cartons posés par terre et à droite, d’un petit endroit décoratif de causerie, qu’éclairait une applique demi-sphérique dont il était possible d’en varier les couleurs de la lumière avec un choix de combinaisons différentes. Cet espace soigné leur servait de chambre d’enfant pendant le jour et de chambre à coucher pendant la nuit.

   Ce décor devait complètement changer et me placer dans une aberration de rêve sous effet de la drogue que nous allions prendre un peu plus tard.

   O.S. nous avait octroyé le matelas surélevé à Schackie et à moi tandis que son épouse souriante s’était assise sue u pouf et s’entretenait à voix mesurée avec Schackie. Toutes deux pouffaient de rire, de temps à autre et O.S. avait pris place sur le matelas le plus proche de moi tout en parlant il entreprit la délicate élaboration d’un joint à trois ou quatre feuilles de papier à cigarettes qu’il farcissait le tabac hollandais du joint avec du hachich noir afghani.

   Schackie ne fumait pas car elle n’appréciait pas les drogues et les quelques joints qui suivirent ne circulèrent plus qu’entre nous trois. L’ambiance fut charmante et le moment arriva où je vis  notre hôtesse et Schackie prendre congé de nous pour se retirer dans la cuisine y boire une bière en s’entretenant pendant une grande partie de la nuit durant laquelle elles laisseraient « les hommes » entre eux, faire un bon trip bien tranquillement.

O.S. m’avisa qu’il avait prévu une dose entière de LSD pour chacun de nous et il m’expliqua, chiffre du poids en milligrammes de la drogue à l’appui, que c’était la portion qu’avait recommandé Timothy Leary, le farfelu prophète nord-américain de la drogue, comme le nommaient les médias à cette époque-là. Nous absorbâmes donc cette dose de ce que je pense avoir été de la mescaline, au vu du genre d’effet qu’elle produisit sur moi cette nuit-là. En attendant qu’elle produise son effet, nous fumâmes encore un nouveau joint et nous nous entretînmes gaiment de choses qui prêtaient à rire pendant un long moment.

   Au bout d’une demi-heure environ, je remarquai que nous devenions de plus en plus calmes et silencieux. O.S. et moi, nous échangeâmes un regard d’intelligence et il se leva en disant qu’il allait s’occuper de l’ambiance, c’est-à-dire qu’il éteignit les lumières électriques et les remplaça par celle d’une bougie, puis il compulsa une pile de disques afin d’y  trouver une bonne musique qui conviendrait le mieux à l’’état dans lequel nous n’allions pas tarder à nous trouver tous les deux.

   Moi-même, je ne fus plus en état de parler et, assis sur un pouf, je ne savais que faire. O.S. s’approcha et, se penchant vers moi, faisant visiblement un effort pour parler, il me dit d’une voix rendue pâteuse par l’ivresse mescalinienne en m’indiquant le matelas surélevé qui était derrière moi :

  Si tu veux, tu peux te mettre à l’aise.

Il acheva sa phrase avec un petit hochement de tête entendu, qui devait signifier : n’est-ce-pas ? car lui-même semblait avoir hâte de se mettre à l’aise sur l’un des deux autres matelas.

Je faillis sourire en le remerciant et, avant de m’installer, je vis O.S. qui marchait à pas lents vers son endroit choisi. Je m’étendis sur le dos, la tête reposante sur un oreiller, je posai mes mains sur le ventre. Puis, sans que je sache comment cela se produisit, mon esprit s’envola vers un immense ciel paradisiaque dans lequel une multitude de merveilleuses et lumineuses couleurs irisées étaient disposées à l’infini dans une géométrie en damier régulière et parfaite. Quelque part, un bord du ciel commençait à changer de couleur, dans un très lent mouvement, à la manière de l’aquarelle qui s’étale sur du papier imbibé d’eau, et sur toute sa vaste surface, tandis que, de ce bord, la couleur bleue virait lentement à un vert qui devait, en s’étendant lui aussi, à son tour virer au jaune  et que cette portion de jaune qui s’étendait en rouissant allait engendrer une couleur orange qui tendrait vers le rouge, puis le rouge violet, puis le violet et  nouveau ce mouvant et merveilleux bleu. Simultanément, les couleurs de ce damier dont chaque case carrée contenait un cercle lequel contenait une toile en son milieu se muaient elles aussi au même rythme que le ciel, mais cependant en commençant par des couleurs qui étaient à l’opposé des couleurs précédentes de manière à créer sans cesse un contraste simultané et changeant comme le ciel et sans que toutefois deux mêmes couleurs de cet ensemble ne se côtoient.  

   Ce spectacle dura très longtemps et il me vint à l’idée que c’était cela le Paradis ou du moins, son ciel et il était si merveilleux que je me sentais prêt à le contempler pendant toute l’éternité.

   Peu de temps après cela, j’ouvris les yeux et une sorte de transition s’opéra, car à l’horizon de cet espace, j’aperçus une magnifique planète lointaine qui chatoyait de lumières iridescentes. Quelque chose scintilla à sa hauteur et je déviai mon regard émerveillé vers elle, alors je découvris une sorte de muraille qui ne pouvait appartenir qu’un majestueux château céleste, car ses parois étaient recouvertes de toutes les sortes de pierres précieuses qu’on connaît : diamants, rubis, émeraudes, saphirs, aigue marines, topazes et perles rares. Des ornements sculptés de toutes les sortes de matériau noble comme l’ivoire, l’albâtre le marbre, l’ambre, l’améthyste et la turquoise l’enrichissaient harmonieusement l’ensemble de cet admirable ensemble.

   Enfin, cette soirée dût sans doute se terminer comme toutes les autres soirées d’expérimentation, mais nous revîmes quelques jours plus tard et pendant la journée, Schackie et moi en visite chez O.S.     Là, je découvris, à cette claire lumière et avec un sourire amusé, que les merveilleuse sculptures et pierreries qui m’avaient fait pâmer de ravissement au cours de ce trip assez récent, n’étaient que des emballages pour œufs qui étaient collées au plafond en guise d’insonorisation et que la magnifique planète aux mille couleur, n’étaient qu’un assemblage de godets en matière plastique, monté en forme de  demi-sphère qui contenaient des ampoules électriques de diverses couleurs qu’on pouvait combiner diversement.  

 



 
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