h LSDreams - 17: Héroïne

   
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  17: Héroïne
 
 

Héroïne

 
   Je n’en parle ici que pour dire comment j’ai pu y échapper. A l’époque où je vivais encore avec Schackie, nous avions reçu la visite d’amis de K.N., de sa petite amie, ainsi que d’un autre couple et d’une dame seule que je ne connaissais pas. Au cours de notre conversation, nous en vînmes à parler de Dieu et je dis à K.N. comme si je lui rendais un grand service :
— Dieu est un.
— Non, trois, répondit-il.
J’essayai de le raisonner :
— Non, K, un seul.
— Non, trois, répliqua-t-il plus énergiquement.
Schackie et les autres visiteurs tournaient leur tête vers K.N. et vers moi en suivant notre débat avec attention. Je repris gentiment:
— Crois-moi, K., un seul.
K.N. s’agita sur sa place en trépignant et clama d’une voix courroucée :
— Trois, trois, je te dis trois !
Tout le monde avait sursauté et Schackie et moi, nous échangeâmes un regard navré, puis K.N., calmé, il ajouta d’une voix plus calme mais un peu trop aigue :
— Je suis chrétien.
   Quelque temps plus tard, K.N. vint seul pour me rendre visite. Nous fumâmes du haschich et bûmes une tasse de thé, puis il me décrivit pathétiquement tout le mal qu’il avait enduré quand il s’injectait de l’héroïne :
— Tout y passait. Je me fixais tout ce qui me tombait sous la main. 
Accompagnant ses paroles par un geste qui mimait une injection intraveineuse dans le creux de son coude, il ajouta :
— Héroïne, LSD, Coke, Morphine...tout y passait.
Ensuite, il avait été hospitalisé pendant un an pour s’en désintoxiquer. Il en est revenu hypernerveux, hypersensible, farouche, fuyard.
— J’aimerais bien en goûter, lui dis-je.
— Surtout pas !, s’exclama-t-il, n’y touche pas, sinon tu seras perdu !
— Mais non, voyons, répliquai-je, je veux juste y goûter une seule fois pour savoir comment c’est.
K.N. garda brièvement le silence et me regarda amicalement, puis il me parla sur le même ton que j’avais adopté en lui parlant de Dieu :
— Ecoute, si tu veux n’en prendre qu’une seule fois, pour la connaître, alors n’en prend pas une seconde fois pendant trois jours d’affilée, afin d’éviter une accoutumance. Si tu agis ainsi, tu n’en seras pas dépendant par la suite. Sinon, si tu en reprends avant que trois jours ne se soient écoulés, tu ne pourras plus t’en passer et tu seras perdu.  


 
 
   Par un bel après-midi, je me rendis au café du Marché. Il s’appelait ainsi, bien qu’il n’y ait pas de marché à proximité. Ce nom faisait allusion aux drogues qu’on pouvait y acheter auprès des dealers qui le hantaient. Derrière sa grande vitre qui était ornée de dessins exécutés à l’aide d’une peinture translucide, il y avait une petite salle de café, un ou deux babyfoots et un ou deux flippers électriques. Il y a avait aussi une soupente à laquelle on pouvait accéder en escaladant un escalier de bois brut.      
On y fumait, vendait, achetait toutes sortes de haschich, de la marihuana, de l’herbe du Congo, des cachets de LSD, des amphétamines, des sédatifs, de la cocaïne, de la morphine et de l’héroïne. La police des stupéfiants y opérait souvent une visite improvisée et elle défonçait les tables de babyfoot pour en retirer les drogues que les dealers s’étaient empressés d’introduire par l’ouverture du goal à leur vue.
 
Les consommateurs, eux, disposaient leurs doses sous leurs pieds jusqu’à ce que les « taureaux » soient repartis.
   Cet après-midi donc, lorsque j’y arrivai, M., la petite amie de M.L. se tenait à côté de l’entrée et elle s’entretenait avec un jeune homme blond que je ne connaissais pas. J’allai à eux pour les saluer et pour demander à M. si son petit ami se trouvait à l’intérieur du café.
— Non, répondit-elle, justement j’attends son arrivée.
— Pourquoi ne l’attends-tu pas à l’intérieur ? m’étonnai-je.
— Parce que je n’ai plus d’argent. Je crains de devoir payer une consommation au cas où il ne viendrait pas. Mais je crois qu’il va venir et je préfère l’attendre ici.
Bon, c’est comme tu veux, répondis-je.
   Après le bref silence que ma venue avait imposé, le jeune homme poursuivit la conversation qu’il avait avec M. Je ne prêtai pas attention à ce qu’il disait car je voulais entrer dans l’établissement, mais je remarquai qu’il avait retiré de la poche de sa veste quelques petits bouts de papier argenté qu’il fit distraitement couler dans son autre main puis qu’il replaça dans sa poche.
 — Eh, attend !, lui jetai-je, qu’est-ce que tu as là ?
— Des doses d’héroïne, répliqua-t-il.
— Combien les vends-tu ?
— Vingt deutsche marks. Il y en a pour un sniff, précisa-t-il.
Un sniff est une petite quantité de drogue que l’on inspire par une narine, comme on le fait pour la cocaïne.
— Donne m’en une, lui demandai-je en lui tendant vingt marks.
Il m’en tendit une et empocha l’argent prestement.
   J’ouvris le petit carré de papier argenté et le portai à mes narines, puis je l’aspirai avec force.  
— Attend, me prévint M., tu en as laissé beaucoup sur ta moustache.
— Où ça ?
— Là, dit-elle en m’indiquant l’endroit sur ma moustache.
De l’index, j’en relevai les poils pour voir où se trouvait la poudre blanche. Je me mis en devoir de l’aspirer soigneusement pour qu’il n’y en reste plus.
— Là aussi, m’indiqua M.
Je recommençai la même opération.
— Ce serait bête de ne prendre qu’une partie de la dose, dis-je en inspectant mes mains et ma poitrine, et maintenant ?
— Non, il n’y en a plus, tu n’en as rien perdu, me rassura-t-elle.  
Nous gardâmes le silence, tous les trois, pendant un petit moment après lequel le jeune homme reprit le fil de sa conversation avec M. Elle lui accorda son attention, car ce qu’il lui disait semblait solliciter son attendrissement. Je n’y accordai aucun intérêt particulier et je regardais déjà dans la direction du café pour y aller, mais je ne le fis pas. Je n’avais aucun projet précis, j’observai vaguement la douceur du temps et remarquai les cheveux raides du jeune homme avancer et reculer le long de ses joues quand il bougeait la tête en parlant avec M. Elle l’écoutait pathétiquement en voulant intervenir, les sourcils disposés en accent circonflexe.
   La voix triste du jeune homme me parvint enfin plus distinctement et il disait :
— Moi, ce que je cherche, c’est une femme qui voudrait mourir avec moi.
Ne saisissant pas tout à fait le sens de sa phrase, je me demandai s’il faisait allusion à un amour durable ou à un suicide en commun.   Bien qu’il semblait être amoureux de M. et lui faisait des avances, son discours m’importuna, car ses pensées me parurent morbides et je ne souhaitais pas les entendre.
   Je pris donc congé d’eux et je retournai sur mon chemin d’un pas alerte en direction du boulevard central. Après avoir emprunté un raccourci qui me fit traverser une partie de l’aire d’un parking pour automobiles, je débouchai sur le Kurfürstendamm. J’étais étudiant et pauvre à cette époque-là et je ne fréquentais que les établissements de ce grand boulevard dont la note était à portée de ma petite bourse.
Ce que je ne savais pas à l’époque et que devait me révéler M.K. plus tard, c’est que les gens se trompaient sur ma réserve et me croyaient riche. J’en eus la preuve ce jour-là lorsque que je pénétrai nonchalamment et mû par une simple curiosité, dans le hall d’un hôtel huppé.
   J’y entrai d’un pas désinvolte et remarquai aussitôt la réaction d’une sorte de garçon de café qui se tenait au garde-à-vous en attendant de servir les clients. A ma vue, son corps se raidit, puis, après un second regard, il fut rassuré et il se détendit en reprenant sa posture de service. Des gens qui donnaient l’impression d’être des touristes riches se tenaient debout, à proximité d’un comptoir de bar et s’entretenaient dans un brouhaha de voix feutrées.        
   Dans le centre du hall étaient assises deux jeunes femmes sur un long siège de velours grenat qui était disposé en cercle autour d’un pilier. L’une était brune et l’autre, blonde. Elles étaient assez jolies et je ne les avais qu’effleurées du regard. Mais je dus l’y ramener afin de les observer plus attentivement, car la brune avait sursauté à ma vue et s’était excitée et à frémir en me regardant avec insistance. Ensuite elle se tourna vers sa blonde amie pour lui dire quelques mots inaudibles. Celle-ci me jaugea d’un regard qui cachait mal son admiration, puis elle se tourna vers son amie et sembla lui concéder quelque chose pour calmer son ardeur. La femme brune qui était un peu boulotte se tourna vers moi en se carrant sur son siège et elle me jeta un regard d’invite plein d’attente. En d’autres circonstances, je me serais approché d’elles pour m’incliner devant les demoiselles et les inviter à consommer quelque chose en ma compagnie. Mais je ne ressentis aucune envie de le faire. A ce moment seulement, je réalisai confusément que je me sentais dans un état d’âme différent de l’ordinaire et dont la plénitude ne nécessitait rien d’autre pour rester sereine. 
   Le manège des deux dames me fit sourire et la brune, à la vue de mon amusement, s’effondra sur elle-même, le visage bouffi par une envie de pleurer. La blonde se pencha vers elle et elle se comporta davantage en dame de compagnie pleine de sollicitude que d’amie intime. Elle toucha l’épaule de la dame éplorée et sembla lui prodiguer quelque bonne parole. Un peu attendri, je me détournai d’elles et je sortis de l’hôtel afin de reprendre ma déambulation sur le trottoir du boulevard. Quelques pas plus loin, j’entrai dans le hall d’un autre hôtel, lequel me parut si banal que j’en ressortis aussitôt.
   Je marchai encore plus loin sur le grand boulevard en jetant un regard distrait aux vitrines des magasins et aux terrasses des cafés et, finalement, je parvins à proximité d’une salle de cinéma. Quelques passants s’étaient agglutinés autour de l’une des deux vitrines qui étaient placées au milieu du trottoir et dans lesquelles étaient exposées des photographies qui concernaient le film qui était projeté dans cette salle. Ce dernier possédait deux salles de projection dans lesquelles on montrait des films en des horaires différents. Je détaillai les photos dont la plupart me semblaient familières et d’autres qui m’étaient inconnues. Trouvant ces films de qualité moyenne, je voulus m’en éloigner, mais un mouvement de foule se produisit et les passants entourèrent la seconde vitrine avec tant d’attention, que je ne pus m’empêcher de les rejoindre. 
   Ensuite, ils s’essaimèrent et certains d’entre eux s’engouffrèrent dans le hall du cinéma. Ils regardèrent intensivement les photos et les affiches qui y étaient exposés dans des vitrines murales. Je me précipitai à leur suite et je parcourus des yeux, moi aussi, le contenu des vitrines. Le film qui allait être projeté dans peu de temps ne me parut pas intéressant, ni les autres qu’on destinait à d’autres dates et à d’autres horaires. Derrière moi je perçus des voix et des chuchotements. Les couples se concertaient, puis certains d’entre eux sortirent leur porte-monnaie de leur poche tandis que d’autres s’éloignèrent lentement et regagnèrent la sortie de la salle. Ensuite, les couples restants qui voulaient assister au film, se hâtèrent vers le guichet pour acheter des billets d’entrée. Subitement agité et croyant rater quelque chose, je me hâtai de les suivre et me plaçai en dernier de la file qu’ils formaient devant la caisse. Puis, j’attendis mon tour avec patience et, ce moment enfin venu, je me tins debout en silence devant la caissière qui m’observait en attendant ma commande. Perplexe, je réalisai soudain que je n’avais aucune envie de voir un film et je compris que j’avais spontanément suivi un mouvement de foule sans vraiment avoir la même intention. La caissière attendait encore et je secouai la tête sans rien dire. Elle hocha la tête en retour. Je m’en allai, étonné de ce qui venait de m’arriver et sans rien y comprendre.
   De nouveau sur le boulevard, je repris ma pérégrination à travers une foule de passants, mais au bout d’un petit moment, mon esprit, qui se trouvait très haut dans le ciel, redescendit en moi rapidement et stoppa net ma progression. J’avais très nettement ressenti ce phénomène et, je fus saisi de stupeur et ensuite d’effroi. Ce n’était qu’à présent que je mesurai le degré de suavité de l’état d’âme dans lequel je baignais peu auparavant, un état merveilleux, sublime, tellement détaché des choses de ce monde et si reposant pour l’âme que j’en fus bouleversé et que j’éprouvai du chagrin de le voir évaporé. Ce fut un tel désappointement que je décidai de retourner au plus vite voir le dealer pour acheter une nouvelle dose. Je me hâtai donc de retourner voir le jeune homme blond qui conversait avec M. devant le café Markt. Afin d’éviter la cohue, je m’engageai dans une rue adjacente et, en contournant le centre-ville et en retraversant le même parking qu’antérieurement, je finis par courir pour atteindre mon but plus rapidement. M. et le dealer se tenaient au même endroit et poursuivaient leur conversation. Je fouillai dans ma poche et en sortis un peu d’argent. Il ne m’en restait que très peu et les quelques pièces de monnaie que je possédais ne suffisaient pas pour payer une dose. Je demandai au dealer de m’accorder du crédit jusqu’au soir, mais il refusa. M. s’interposa en lui disant que j’étais un ami et qu’il pouvait me faire confiance. Il réitéra son refus énergiquement. Adoucissant le ton de sa voix, il ajouta à l’intention de M. :
— Je regrette, mais ils sont tous comme ça : ils en goûtent pour la première fois et ensuite ils veulent en reprendre sans avoir d’argent. Ils me courent après sans me lâcher pour que je  leur en donne à crédit. Mais je ne peux pas, car c’est grâce à l’argent que je gagne avec l’héroïne que je peux financer mes doses personnelles.
Son apologie était navrante et mon cœur se serra à l’idée que j’étais devenu comme ceux qu’il décrivait, aussi pris-je tristement congé d’eux et me dirigeai vers Wedding en espérant trouver un peu d’argent chez moi. Je comptais en revenir aussitôt pour acheter une nouvelle dose. Mais, chemin faisant, je réfléchis qu’après cette seconde dose, il me faudrait en acheter une troisième, mais...avec quel argent ? Je n’en avais pas, je possédais à peine de quoi subsister. Je me remémorai les affres des héroïnomanes qui devaient se débrouiller beaucoup d’argent et par n’importe quel moyen, pour se procurer une dose le plus vite possible.
   Je ne me sentis pas capable de parcourir la ville comme un forcené pour savoir où en trouver et je redoutai la misère et la criminalité dans lesquelles on tombe quand on s’y adonne. J’en conclus qu’il vaudrait mieux pour moi de suivre le conseil que m’avait prodigué K.N. à ce sujet. Je rentrai chez moi dans un piteux état vers la fin de l’après-midi et, après être entré dans mon appartement, j’allai directement m’asseoir sur l’unique marche de mon estrade. Là, plié en deux, mes coudes sur les cuisses, je fis un immense effort pour m’empêcher de sortir en courant hors de chez moi et d’aller frapper à la porte de mes voisines pour leur demander de me prêter un peu d’argent. C’était quelque chose que je n’avais jamais faite auparavant. Le désir de reprendre une dose d’héroïne était si fort que je dus consentir de nouveau des efforts très soutenus afin de ne pas me ruer hors de chez moi pour me débrouiller de l’argent. Je réfléchis qu’il valait mieux pour moi d’attendre jusqu’à dix-huit heures, puis jusqu’à dix-neuf heures, moment où les portes des immeubles seraient fermées à clef par mesure de sécurité et que je ne pourrai plus aller chez K.N., car il habitait dans un immeuble d’arrière-cour.  Mais, par malheur, W.D. habitait, quant à lui, dans le même immeuble, celui qui donnait sur la rue, au rez-de-chaussée et ses fenêtres donnaient sur la rue. J’aurai pu aller frapper au carreau de ses fenêtres  à n’importe quelle heure de la nuit. Chez les voisines aussi. Les yeux fixés sur ma montre, je me promis d’attendre jusqu’à vingt heures, puis jusqu’à vingt et une heures. Puis  je me vis emprunter de l’argent mes voisines, non, plutôt à K.N., puis prendre l’autobus et le métro, puis courir pour trouver les dealers au café Markt ou ailleurs. C’était sûr, j’en avais tellement besoin. Mais je m’efforçai d’attendre encore jusqu’à vingt-deux heures, les yeux rivé sur les aiguilles de ma montre qui ne voulaient pas avancer à cette heure qui reste toujours la même. Parfois, je me berçais d’avant en arrière en gémissant tout bas. Le temps qui ne voulait pas s’écouler et la sensation que m’avait fait éprouver l’héroïne m’obsédèrent en même temps que l’argent que je voulais emprunter à mes voisines, à mes amis, au point qu’il me fut très difficile de me contenir davantage. Mais je songeai en même temps, que si je me laissais prendre par cette drogue, j’en deviendrais fou et que je courrais toujours après les dealers ou que je sombrerai dans la misère ou deviendrais bandit.  
   La vie que je menais jusque-là était assez agréable et je fis tout mon possible pour la sauvegarder. Ce combat intérieur et l’envie d’en reprendre étaient si forts que je restai, pendant de longues heures, assis à la même place, à regarder ma montre et à me tenir les côtes en gémissant. Enfin, il fut vingt-trois heures en ce temps que je voyais stagner avec effarement. Il fallait qu’il devienne trop tard et que l’heure soit indue pour aller frapper à la porte de mes voisines. Mais elle ne l’était pas pour autant tardive pour mes amis, il fallait donc que je patiente davantage. Elle ne le serait pour les dealers que vers l’aurore, je ne devais pas me procurer d’argent. Je devrais attendre jusqu’à minuit, mais cela n’était pas encore assez tard. 
 
   Ployant sous la souffrance, le regard égaré, fixé sur ma montre, je songeai au sommeil salvateur qui viendrait me libérer du temps et  me ferait gagner la nuit. Puis il fut une heure du matin et je la saluai, empli d’espoir. Cela me sembla plus facile maintenant d’attendre jusqu’à deux heures, ce serait trop tard pour aller chez mes voisines ou chez mes amis, l’autobus se ferait rare, le métro serait fermé et j’aurais envie de dormir. Enfin, les deux heures de la délivrance sonnèrent et je me levai de l’estrade pour me traîner jusqu’au lit et m’y affaler tristement.
   Lorsque je me réveillai le lendemain, en milieu de matinée, j’étais maussade. Je sortis pour faire quelques courses, ensuite je revins chez moi et m’affalai sur la marche de mon estrade, à la place même que j’avais occupée la veille. Je restai ainsi à subir les mêmes affres que les précédentes, à mener le même combat intérieurement et à observer les heures s ‘égrener avec la même exaspérante lenteur. Beaucoup plus tard, vers deux heures du matin  et à bout de force, je me laissai choir sur mon lit pour avoir quelque répit jusqu’au lendemain et dès ce lendemain matin, tout se répéta comme les deux jours précédents jusqu’à la tombée de la nuit. Ce ne fut qu’à la fin du troisième jour que je commençai à me sentir mieux, puis de mieux en mieux, au fur et à mesure que la soirée s’écoulait. Enfin, le lendemain matin, je fus réveillé par un doux rayon de soleil de mon sommeil. Je regardai par la fenêtre ouverte et me réjouis à la vue du beau temps qu’il faisait et de l’arbre dans la cour, qui remuait lentement ses branches. L’héroïne ne fut plus qu’un vague et amer souvenir. Je m’étirai d’aise en souriant béatement à la belle  et tranquille vie  qui m’était rendue.
 
 







 
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