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Caractéristiques
et mode d'emploi |
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 Caractéristiques
La drogue hallucinogène a la faculté de
susciter dans l’esprit de tout être un
changement radical de la réalité sans
occulter cette dernière, mais en lui
superposant une nouvelle apparence
qui semble appartenir à une autre réalité
jusque là insoupçonnée et dont le sérieux
est présenté sous un aspect grave mais
très richement décoré d’une foison de
visions splendides dont les couleurs ont
une teinte plus intense et plus lumineuse
que celles de la réalité.
Ceci étant dit plus spécialement pour les
expérimentations qui sont faites les yeux
clos et le corps étendu sur le dos.
Cependant ceci présuppose une transition
de la réalité de tous les jours vers une
autre réalité qui dominera la première.
L’expérimentateur peut être pris, après
trente à quatre-vingt dix minutes de durée
d’action de la drogue absorbée, soit
d’une calme rêverie et d’une absence
d’esprit imprécises et confuses qu’il
ne peut cerner lui-même soit d’une
agitation fébrile qui lui fait faire des
gestes incohérents et lui fait pousser
de brèves exclamations de
protestation et de colère.
Dans le premier cas comme dans le second,
cette période transitoire peut être
entrecoupée de rires brefs et gais ou
encore nerveux. Ces rires sont provoqués
par des pensées soudaines dont la teneur
est déroutante de logique ou encore par un
réflexe nerveux, lorsque l’expérimentateur
proteste de voir sa personne
livrée à ce qu'il compare à un « tel traitement »
qu’il ne peut que subir.
Pour le premier cas, on peut dire que
son expérimentation se déroule
agréablement, mais on ne peut en dire
autant pour le second.
Il y a encore d’autres nuances de
perception préliminaire que l’on peut
attribuer au juste milieu des choses,
mais dans tous les cas, l’esprit évolue
en son for intérieur vers et dans un
monde spirituel inconnu de lui et qu’il se
contente de contempler en silence tandis
que l’environnement immédiat change
d’apparence de manière singulière en
s’enrichissant de couleurs lumineuses et
en donnant aux choses une signification
supplémentaire et inattendue, ou encore
il fait subitement apparaître des êtres et
des choses dans cet espace de
l’environnement immédiat en faisant
accepter ces présences comme tout à fait
naturelles et authentiques.
Lorsque la présence est humaine et qu’elle
a apparu pacifiquement dans le but, par
exemple, de présenter un divertissement
intéressant à l’expérimentateur, il est
possible que l’expérimentateur puisse
communiquer par convergence d’esprit et
de sourires entendus et en toute quiétude
avec cette apparition, car il reconnaît et
admet spontanément et de bonne grâce
que tous les êtres, étant tous pareils,
il importait peu de savoir lequel, de lui
ou de l'appartion ou encore de l’humanité
toute entière, présentait ce divertissement.
Mais avant d’en arriver là, l’expérimentateur,
quand il en vient à s'affirmer que toute action
serait vaine parce qu’elle ne présente aucun
intérêt et ne répond à aucun besoin réel et
sans qu’il soit fatigué ni qu’il n’éprouve
de sommeil, cède à une irrésistible envie
de s’étendre sur le dos pour être plus
à l'aise.
Au moment même où il pose sa tête
sur l’oreiller, ou encore un seconde
auparavant ou enfin un court laps de temps
durant lequel il oublie sa localisation,
il se trouve dans cette autre réalité qui
se présente à lui sous une forme différente
lors de chaque nouvelle expérimentation.
Par ailleurs, l’expérimentateur peut ne pas
éprouver ce désir-là et rester assis,
les yeux ouverts, à regarder autour de lui
ou encore à sortir de chez lui pour se promener
dans la rue ou dans la nature.
Son environnement lui paraîtra alors sous
un aspect transformé
ou disproportionné ou encore déformé et
sa transformation l’émerveillera ou
l’intriguera ou lui déplaira tout à fait.
Ce genre de promenade se termine
généralement par un retour assez hâtif
au lieu accueillant et paisible que l’on
avait quitté.
Ce lieu dans lequel est pratiquée
l’expérimentation doit être propre et
ordonné, son air doit être pur ou parfumé,
son apparence doit être agrémentée de
fleurs ou de fruits et l’expérimentateur doit
se laver entièrement auparavant,
porter des vêtements fraîchement lavés et
s’asperger d’un peu de parfum.
Ces mesures de précautions l’aideront à
faire son expérimentation sans indisposition
sensorielle et contribueront à consolider
un bien-être qui, autrement, serait amoindri
en conséquence.
L'expérimentateur doit veiller, non-pas à
ne pas former de projet pour le lendemain,
si anodin qu'en soit l'objet, mais de n'en
avoir pas du tout, car sinon, il
court le risque d'en être obsédé de manière
désastreuse pour son moral durant
des heures, sinon durant tout le temps
de son expérimentation.
Il doit, en outre, être exempt de toute
indisposition, tel qu'un mal de foie ou de dent,
sinon la nouvelle perception de son mal
sera amplifiée à un tel paroxysme qu'il aura
à en souffrir énormément.
Dans un cas pareil, il est recommandé de
se prémunir auparavant d'une pilule de
sédatif de bonne qualité dosée à 20 mg
afin d'interrompre l'effet de la drogue.
Le mal et la souffrance disparaissent en
cinq minutes et le sujet peut parfois
s'endormir un peu plus tard.
Sinon, il doit ingurgiter une assez grande
quantité de boisson très sucrée,
comme du lait, du thé ou de la limonade.
Mais cette dernière méthode est moins
radicale que la précédente.
L'expérimentateur qui sait à l'avance qu'il
risque d'oublier qu'il possède des pilules
de sédatif et sait aussi que, s'il devait
s'en souvenir, qu'il serait incapable de les
identifier sous l'effet de la drogue parce qu'il
ne saura plus lire et qu'elles ne lui seront
pas reconnaissables parmi d'autres pilules
et sait qu'il refuserait catégoriquement d'en
user sous prétexte qu'il pourrait s'agir
d'autres pilules de LSD, par exemple, cet
expérimentateur les placera dans du
cellophane transparent qu'il aura soin de
glisser seules dans une poche de ses
vêtements et il mémorisera scrupuleusement
cette information afin de pouvoir
s'en souvenir au moment importun.
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