La vision céleste
A une heure tardive de la nuit, j’étais étendu sur mon divan, les yeux grand ouverts et je songeais à je ne plus quoi.
Subitement, je ressentis une grande et forte présence dans l’espace environnant, laquelle, par sa surprenante intensité et son empire, m’inspira que c’était celle de Dieu. Fortement impressionné, je regardai avec acuité l’espace de ma chambre dans lequel je percevais maintenant la manifestation puissante de Dieu Qui me regardait et Qui voulait que je le sache.
Alors je regardai sans le voir cet immense Regard
et je ressentis la présence de Dieu, même si je ne pouvais pas Le voir. Je pensai, craintivement:
− Dieu me regarde. Il me voit de l’extérieur.
Alors, le regard divin pénétra dans mes yeux et il y resta.
Je pensai :
− Dieu est dans mes yeux.
Je restai immobile, en craignant Dieu et en sentant Sa présence partout autour de moi. Le regard divin se déplaça et entra dans ma tête, au fond de mon crâne, comme si ce dernier était vide et qu’il n’y avait plus que ce regard qui me permettait de reconnaître qu’il regardait à travers mes propres yeux.
Je pensai :
− Dieu est devant mes yeux, en eux et derrière eux.
Puis, je pus voir, de l’intérieur de moi-même, l’iris de mes yeux devenir un diaphragme qui était fait de six feuilles vertes d’un vert tendre, comme celui des jeunes feuilles d’une plante. Elles s’ouvrirent lentement, en crissant quelque peu et en produisant une sorte de faible démangeaison dans l’iris, presqu’un chatouillement. Elles s’ouvrirent ensuite complètement, à la manière du diaphragme de l’objectif d’un appareil photographique et en agrandissant fortement les pupilles de mes yeux.
A travers celles-ci, ma vue devint meilleure, beaucoup plus nette et plus acérée que d'ordinaire et je vis aussitôt un grand ciel nocturne en haut duquel flottaient de brillantes lumières. Je compris que c’étaient celles d’Anges dont je ne pouvais pas reconnaître la forme.
Puis je me vis être élevé jusqu’à ce ciel et peut-être même au-delà de ces Anges, car je fus introduit dans un monde merveilleux dont je ne pus garder aucun souvenir par la suite, mais seulement qu’il s’y passa quelque évènement merveilleux qui me concernait.
Après un laps de temps qui me parut avoir été long, mais dont je ne pus pas en définir la durée, je me sentis redescendre du haut de ce ciel en moi-même, l’âme réjouie par une immense félicité.
Tandis que je redescendais, j’essayai de remémorer ce que j’y avais vécu, mais mon bonheur était tel que je ne pus qu’en jouir en pensant que j’aurais tout le loisir d’y repenser plus tard, après être redescendu.
Lorsque je redescendis, ce fut comme si mon âme était rendue à mon corps et mon corps à ma couche.
Je me réjouissais encore dans ma chambre, en secouant ma tête d’extase, en riant de bonheur et en répétant à haute voix :
− Ça m’a tué, ça m’a tué !