Puis arriva le temps où mes trips devinrent de plus en plus religieux. L’un des signes précurseurs de ce changement fut qu’un soir que je me trouvais sous l’emprise de la drogue, il advint un moment où je dû me rendre à la cuisine pour Dieu sait quelle raison. Quittant donc ma chambre, je tournai le coin qui mène au vestibule et là, j’eus la vision subite d’un gourdin qui flottait au-dessus de ma tête et qui commença à la frapper à coups redoublés.
Je ne ressentis aucune douleur, mais je pris la fuite en avant en me hâtant vers la cuisine. Mais le bâton m’y poursuivit sans cesser de frapper, comme s’il était mû par une main invisible. Je n’avais pas fait trois pas qu’une pensée naquit dans mon esprit hébété :
— Malheur, moi qui me croyais être moi, je ne le suis pas ! Car je suis Adam et Dieu me punit à cause du péché originel que j’ai commis !
En esprit, je vis alors tous les êtres humains de la Terre fuir en tous sens, sous les mêmes coups de gourdin qui pleuvaient sur mon crâne.
— Dieu m’a multiplié à l’infini pour que je subisse mille fois le même châtiment sans discontinuer.
J’accomplis à la hâte ce que je voulais entreprendre dans la cuisine et je retournai dans ma chambre dans laquelle disparut enfin cette correction divine.
La seule explication que je trouvai par la suite, c’est que la bastonnade signifiait que toute la progéniture d’Eve et d’Adam subissait le même exil que ses géniteurs en ce bas lieu de pénitence et avait donc à endurer les mêmes vicissitudes et les mêmes aléas qu’eux avant d’être pardonnés et regagner le Ciel.
« Prenez garde à ce que Satan ne vous fasse pas
trébucher comme il l’a fait pour vos parents,
(Eve et Adam). » (Le Coran)
